Définition

Le doigt à ressaut est une pathologie très fréquente de la main. Elle peut toucher un ou plusieurs doigts d’un même main de manière concomitante ou à des moments différents.

Le doigt à ressaut consiste en un blocage du doigt (généralement en flexion) parfois accompagné d’une douleur dans la paume de la main. Ce blocage cède alors brutalement (ressaut) lors du passage en extension.

Souvent plus fréquents le matin ces ressauts peuvent progressivement apparaitre tout au long de la journée. Dans les formes plus évoluées, le doigt peut parfois rester bloqué en flexion ou en extension.

Origine

Les tendons fléchisseurs des doigts sont des « cordes fibreuses » qui relient les corps musculaires de l’avant bras aux phalanges pour permettre la flexion des doigts. Ces tendons cheminent dans la main à travers un système de poulies fibreuses, appelées poulies de réflexion. Le rôle de ces poulies est de guider leur course et de maintenir les tendons appliqués aux contact des os au cours des mouvements des doigts.

Le ressaut provient d’un épaississement inflammatoire et localisé du tendon fléchisseur. Cet épaississement va empêcher le tendon de coulisser correctement dans les poulies ce qui va entrainer le ressaut. Un cercle vicieux va alors se mettre en place, l’épaississement aggrave le frottement, le frottement aggrave l’inflammation qui va à son tour aggraver l’épaississement… 

L’origine de l’inflammation est rarement retrouvée. Certains facteurs favorisants comme les travaux manuels répétitifs ou le diabète peuvent contribuer à l’apparition d’un doigt à ressaut.

traitement

Le repos: dans les formes débutantes et bénignes la mise au repos du doigt par l’arrêt des gestes répétitifs peut suffire à faire disparaitre les symptômes.

L’infiltration: réalisée en consultation , elle consiste en une injection de produit anti-inflammatoire (corticoïdes) en regard de la poulie A1. Son but est de faire « dégonfler » le tendon en traitant l’inflammation. Son effet est retardé de quelques jours, ce qui implique un délai avant de pouvoir juger de son efficacité. Dans certains cas l’infiltration peut être répétée.

La chirurgie: réalisée au bloc opératoire, elle se déroule généralement en ambulatoire (hospitalisation de quelques heures) sous anesthésie loco-régionale (anesthésie de tout ou partie de la main et du bras). Elle consiste à pratiquer une courte incision (de l’ordre de 15mm) à la base du doigt afin de d’élargir la poulie pour faciliter le passage du tendon. Dans les cas où la présence de tissus inflammatoire autour du tendon est très importante celui-ci est retiré dans le même temps (synovectomie). La peau est refermée par quelques points de sutures et un pansement léger est mis en place.



après l’intervention

Les suites normales impliquent de garder le pansement propre et sec qui sera renouvelé par une infirmière à domicile tous les deux jours. Les fils de suture sont enlevés au bout de 2 semaines.  Il faudra alors masser la cicatrice avec une crème hydratante.

La mobilisation douce du doigt est autorisée dès la levée de l’anesthésie. Il n’y a habituellement pas besoin de rééducation dans les suites de cette intervention. Dans certains cas des exercices d’auto-rééducation visant à faire travailler l’extension complète du doigt vous seront recommandés par votre chirurgien.

La durée de l’arrêt de travail dépend de la profession, elle varie de quelques jours pour les métiers non manuels jusqu’à 3 semaines pour les métiers manuels ou nécessitant un travail en force. 


les complications

Elles sont rares, mais peuvent toujours survenir dans les suites d’un geste chirurgical.

L’infection: elle se manifeste par des douleurs anormales, une rougeur, un gonflement, parfois accompagnés d’un écoulement ou d’une désunion de la cicatrice. Les infections sont rares et la plupart du temps bien maitrisées par des soins locaux éventuellement associés à un traitement antibiotique.

L’algodystrophie: elle se manifeste par des douleurs anormales associées à une raideur diffuse des doigts et du poignet pouvant s’étendre jusqu’à l’épaule. Elle est rare, et son évolution est généralement favorable à l’aide de kinésithérapie. La récupération peut être lente (sur plusieurs mois) et peut parfois laisser des séquelles notamment à type de raideur.

Les lésion nerveuses ou tendineuses sont possibles du fait de leur proximité avec le ligament transverse. Elles sont cependant exceptionnelles.

La récidive est exceptionnelle mais peut rarement nécessiter une nouvelle libération du tendon.